mardi 25 octobre 2011

[Avis] Lupus volume 1 de Peeters, aux éd. Atrabile

En BD, la SF est un genre plutôt bien représenté. Cependant, il est assez difficile de discerner les pépites qui se terrent dans les rayonnages des libraires. Quand en plus, ces pépites ne sont pas issues des catalogues des "grands" éditeurs, statistiquement, c'est encore plus dur de mettre la main dessus.

C'est donc par hasard que je suis tombé sur Lupus, de Frederik Peeters, aux éditions Atrabille. Je mets son prénom, car son nom est aussi celui d'un autre grand nom de la BD, avec lequel il n'a -que je sache- aucun lien de parenté. J'ai un peu honte de ne découvrir que maintenant cet auteur (j'ai aussi Koma à lire de lui), visiblement déjà bien reconnu dans le milieu. Mais bon, comme le dit l'adage, "mieux vaut tard..."

Je viens donc de lire le premier tome de Lupus, et pour faire simple j'ai adoré. Déjà, rien que la classe de la couverture, toute en sobriété, me mettait en bonne condition. Difficile ensuite de vous faire un résumé de l'histoire. Elle n'est pas compliquée du tout, mais la résumer serait la rendre banale, alors qu'en fait j'ai trouvé cela très original. Mais je vais quand même m'y essayer.

En gros, on y découvre deux amis de longue date, Lupus et Tony, à bord de la vieille gimbarde qu'ils se sont payée pour vadrouiller aux quatre coins de l'Espace. Tous les deux à un tournant de leur vie (Lupus a fraîchement fini ses études, et Tony vient de se faire virer de l'Armée), ils s'octroient un peu de fun avant de passer à des choses plus sérieuses. Pour cela, ils pratiquent une sorte de pêche au gros interstellaire. Ca les occupe la journée, et le reste du temps ils écument les bars et les dealers de came. Amateurs de défonce, ils s'essaient à toutes sortes de spécialités locales, peu recommandables pour la plupart.. Mais derrière l'apparente insouciance de nos compères, se cachent des fêlures profondes, que les psychotropes n'enfouissent pas suffisamment. Pour les faire remonter à la surface, rien de tel qu'une présence féminine (*sifflote* :P). On n'a pas encore trouvé mieux pour fragiliser l'union de deux grands potes. Et celle qu'ils ont rencontrée dans un bar paumé ne va déroger à la règle, en apportant avec elle son lot d'ennuis... Et le genre d'ennui qui vous colle un bon coup de pied au cul, et qui bouleverse le cours de votre vie...

(c) Atrabille - Peeters
Voilà donc un pitch peu commun pour le SF, et c'est là toute la force de cette BD. D'emblée on est séduit par ce duo potache, par les vannes qu'ils s'envoient, par la mauvaise humeur de l'un, contrebalancée par le caractère posé de l'autre. Il y a une alchimie entre les personnages, dont Peeters a vraiment trouvé les ingrédients. Au-dela de l'amusement provoqué par les situations, l'album pose de vraies questions sur l'amitié entre deux potes, et des limites de celles-ci. Les préoccupations des personnages sont finalement très existentielles, et pas si futiles que leur comportement pouvait le laisser penser.

(c) Atrabille - Peeters
Sur un peu plus de 90 planches, Peeters prend le temps de développer son histoire, à un rythme tranquille, parfois contemplatif. Il parvient à fournir un premier tome d'introduction réussi, à tous les niveaux, car graphiquement également c'est superbe, tout habillé d'un dessin noir et blanc léché, diamétralement à l'opposé de ce qu'on trouve habituellement en SF. Et c'est d'ailleurs ce style qui fait prendre une mayonnaise au goût unique. C'est la première BD de SF que j'ai entre les mains qui se classerait dans un genre plutôt "indépendant", même si cela ne veut pas dire grand chose...

(c) Atrabille - Peeters

Note finale:
Avec cet album, Peeters utilise la SF comme prétexte, et non comme finalité, et c'est souvent ainsi que le genre en ressort grandit. Un road-movie de l'espace, au cours duquel on découvrira certainement comment Lupus va prendre sa vie en main...

2 commentaires:

Fif a dit…

Ah ben ca tombe bien je viens de m'acheter l'intégrale, depuis le temps que je me tâtais sur cette série...
As-tu lu son nouvel album Aâma???

Menrad a dit…

Aâma est une de mes prochaines lectures, je l'ai acheté il y a peu. L'album est magnifique, j'ai hâte de le lire, mais j'aime bien faire durer le plaisir. Et puis je viens de recevoir aussi la suite de Lupus. J'ai de quoi faire avec Peeters en ce moment. L'avantage de rattraper son retard !

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