lundi 3 octobre 2011

[Avis] Le Complexe du Chimpanzé T.1 "Paradoxe" de Marazano & Ponzio aux éditions Dargaud

A l'occasion de la sortie du Protocole Pélican, des mêmes auteurs, je me suis commandé le triptyque du Complexe du Chimpanzé. J'aime bien découvrir des séries terminées, ça permet à la fois d'en connaître la fin (tout bêtement), mais aussi de supprimer l'attente entre les différents tomes. 

Derrière un aspect "bd-de-SF-sérieuse", se cache en fait une série au ton résolument orienté grand spectacle. 

Ce premier volume démarre en trombe, en 2035, par une séquence d'introduction très réussie, au style hollywoodien (façon Tony Scott). Une flotte de navires de guerre américains est contactée par le Pentagone: sur ordre du Président lui-même, les navires doivent converger en direction d'un signal étrange, dont la trajectoire doit croiser leur route aux alentours du canal du Mozambique.

Alors qu'ils arrivent sur les lieux du point de chute de l'objet non identifié, les militaires font une surprenante découverte: une capsule spatiale. Et pas n'importe laquelle ! Elle est en tout point semblable à celle qui a transporté les hommes qui furent les premiers à marcher sur la Lune. En l'abordant, ils constatent qu'elle est habitée par deux cosmonautes, qui se présentent comme étant ni plus ni moins que Neil Armstrong et Buzz Aldrin !

C'est à ce point précis qu'entre en scène l'héroïne de la série: Hélène Freeman, cosmonaute de renom, membre de la NASA. Elle est appelée à rejoindre son boss Robert, au grand dam de sa fille qui peste de ne jamais profiter de sa mère à cause d'un travail accaparant. L'armée a besoin de spécialistes de la NASA pour mener à bien les interrogatoires des astronautes rescapés, et ainsi vérifier leurs allégations pour le moins farfelues...

(c) Dargaud / Marazano / Ponzio

Le duo Marazano / Ponzio (qui semble se plaire dans la SF) nous livre un premier tome plein de promesses. A partir d'une idée intéressante (que s'est-il vraiment passé sur la Lune lors du programme Apollo ?), les auteurs réalisent un album de BD au rythme trépidant, emprunt de mystère et d'action. Et de paradoxe temporel, un peu façon Universal War One (une de mes BD préférées), ce qui n'est pas pour me déplaire. De plus, le caractère du personnage principal est bien travaillé, on la sent vraiment tiraillée entre son envie de réaliser son rêve spatial, et sa fille  qui la réclame plus que jamais. Et comme si le fait de s'éloigner d'elle d'un point de vue relationnel ne suffisait pas, la passivité d'Hélène Freeman va faire qu'elle va s'éloigner de sa fille encore plus, littéralement... Il y a fort à parier que cette tendance à subir la situation va s'inverser dans les prochains tomes, et que sa fille va devenir son moteur principal.

Le dessin, qui pourra paraître au premier abord un peu trop réaliste, parfois figé (J.M. Ponzio travaille à partir de matériel photographique), colle parfaitement au ton de l'histoire, *relativement* réaliste (j'expliquerai plus bas pourquoi je mets ce mot en exergue). Une fois cet a priori mis de côté (même si certaines cases ont un aspect légèrement "roman photo"), on se plonge à fond dans le récit, et on n'en émerge qu'au bout de 54 pages (oui cet album est volumineux).

(c) Dargaud / Marazano / Ponzio

Ceci dit, même si cette BD est réussie, j'apporterai malgré tout un autre petit bémol. On râle souvent que les premiers tomes en BD ne racontent pas grand chose, sont mous du bulbe, etc. Ici, on tombe parfois dans l'excès inverse. On a l'impression que certaines étapes sont grillées un peu trop vite. Je crois qu'en fait le traitement ultra-réaliste, aussi bien en terme graphique qu'en terme d'ambiance, a pour conséquence qu'on s'attend à ce que l'histoire le soit également. Là où on n'aurait pas cette exigence vis à vis d'une autre histoire de SF, celle-ci proposant une sorte de relecture d'évènement réels nous pousse inconsciemment à souhaiter que tout le reste le soit aussi.

(c) Dargaud / Marazano / Ponzio
[attention ça spoile dans ce qui suit] 

En effet, l'héroïne, sur un coup de tête des militaires se retrouve propulsée sur la Lune. C'était déjà bien rapide. Mais, à la suite d'une découverte importante réalisée sur notre satellite, elle embarque directement, oui DIRECTEMENT, pour Mars. Hé oui, les militaires sont organisés (et notre scénariste aussi), et avaient déjà posté dans la face cachée de la Lune un module spatial prêt à emmener nos héros vers la planète rouge... Quand on voit la complexité de mise en oeuvre d'une mission spatiale, qui  plus est en période de baisse de crédit alloués à la conquête de l'Espace (même dans la BD, des missions sont annulées faute d'argent !), on a du mal à croire qu'en deux coups de cuillère à pot, allez hop tout le monde en route pour la planète Twix Mars (oui, arf, il est tard :P).

[fin du spoiler]

En dépit de ces raccourcis scénaristiques qui, avouons-le, ont l'avantage de supprimer les temps morts dans le récit et ainsi nous éviter de faire durer la série sur 50 albums, l'histoire en elle-même est suffisamment intrigante pour qu'on ait fébrilement envie d'en connaître la suite. Je pense qu'il faut considérer ce genre de BD comme de la SF spectacle (rien de péjoratif), comme je l'indiquais en préambule. Elle ne s'ennuie pas avec la véracité scientifique de l'action, façon Armageddon... Sauf que c'est 100 fois mieux qu'Armageddon, je précise pour ceux qui, comme moi, n'apprécient que peu les films de Michael Bay :D.

Pour finir, voici une bande-annonce (attention, elle est un peu longue, et dévoile presque toute la première partie de l'album):




Note finale:
Un premier tome prometteur, au rythme trépidant, et donc les pistes mystérieuses lancées pourraient bien nous surprendre dans les deux prochains tomes.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire