lundi 17 octobre 2011

[Avis] Le Complexe du Chimpanzé T.3 "Civilisation" de Marazano & Ponzio aux éd. Dargaud

Après le tome 2 qui m'avait bien plu, j'ai pu terminer cette série avec le troisième (et dernier) opus.

On retrouve donc nos héros là où on les avait abandonnés à la fin du précédent épisode: à la dérive dans l'Espace. Perdus dans le système solaire, ceux-ci se sont placés dans leurs caissons de cryogénisation, en attendant des jours meilleurs... Le récit reprend au moment où Hélène Freeman sort d'hibernation, et découvre que la plupart de ses compagnons n'ont pas survécu. Accompagnée d'Aleksa, elle se met en quête d'une explication à leur situation. Soixante-dix années se sont écoulées, et toujours aucune trace de la Terre. Malgré tout, Hélène a quand même reçu quelques messages de Robby en provenance de notre planète, pendant sa longue période de sommeil. Il y explique comment sa fille s'est débrouillée lorsque sa mère a disparu... Aleksa de son côté, a fait une découverte incroyable: la navette a été abordée pendant l'hibernation, par un vaisseau gigantesque, trop avancé pour être d'origine humaine. De plus, il semblerait bien qu'un des membres d'équipage soit sorti de son sommeil bien avant eux...

Après ce très bon début, je dois malheureusement vous dire que la suite de l'album ne m'a pas réellement enchanté. L'histoire se tient bien quand même, et j'aime beaucoup toute la partie exploration d'un vaisseau inconnu, figure classique de la SF. C'est plutôt bien fait d'ailleurs.

(c) Dargaud - Marazano / Ponzio
Non, ce qui me chagrine, ce sont les facilités et les raccourcis pris par le scénario. Il y a pourtant un gros potentiel depuis le début, mais à la clôture de cette série, j'ai ressenti comme un goût de trop peu.

[Pour ce qui va suivre, là c'est impératif d'arrêter de lire si vous comptez un jour vous faire la trilogie du Complexe du Chimpanzé.]

Ce qui m'a le plus déplu, c'est l'explication principale concernant ces astronautes qui existent en double, voir triple exemplaires. Le "pourquoi du comment" est balancé en deux ou trois phylactères (même si cela avait déjà été amorcés dans le précédent tome), et le moins qu'on puisse dire, c'est que cela est bien vague. Je ne fais pas partie des lecteurs qu'il faut prendre par la main et à qui il faut tout expliquer mais tout de même ! En gros, cela repose sur un concept de physique abscons (et assené de manière trop simpliste) qui dit qu'en quittant la Terre, les astronautes perturbent la réalité, ce qui fait que d'un coup ils sont à la fois ici, et ailleurs... Désolé, je ne peux pas mieux le résumer, puisqu'en gros c'est ce qui est expliqué... C'est sûr que si on voulait la véritable théorie complète, il aurait fallu se taper un traité de physique quantique, et je ne crois pas que nos cerveaux de lecteurs lambda auraient supporté :D. Le problème, c'est que raccourcie de cette manière, l'explication revêt un aspect de bon vieux Deus Ex Machine de derrière les fagots. J'aurai encore préféré qu'on me dise "il n'y pas d'explication, alors l'explication c'est qu'il n'y en a pas"...

(c) Dargaud - Marazano / Ponzio
J'ai eu la désagréable sensation en avançant dans la lecture que j'avais peut-être raté une clé cachée qui permet de saisir le truc, mais je n'en ai pas l'impression (en fait si: je n'ai pas fait d'études de physique :D). Au final, on reste sur sa faim sur bon nombre de questions soulevées au cours de l'histoire, qui restent en suspens (qu'a vu Gagarine au fond de sa grotte sur Mars ? Pourquoi Hélène se désintègre-t-elle lorsqu'elle revient sur Terre après son double ? Où est passée la Terre à la fin du tome 2 (là encore, physique quantique) ? Que sont les extra-terrestres du tome 3 ? etc).

Je me demande maintenant si cette série était prévue dès l'origine en trois tomes, ou s'il en était prévu plus, pour finir réduite en trilogie. J'ai pourtant cru comprendre qu'une trilogie avait été annoncée dès le départ... Mais peut-être la fin n'était totalement pas écrite depuis le début ?

C'est donc dommage que cela se termine ainsi, car globalement, la trame de l'histoire était vraiment bien trouvée, l'ambiance était réussie, le dessin collait au scénario "sérieux". Il y avait de l'ambition dans cette trilogie, mais dont le résultat n'est pas à la hauteur.

(c) Dargaud - Marazano / Ponzio
Malgré tout, j'en retiens quand même l'originalité, et sur ce troisième tome Ponzio a parfaitement réussi à donner un aspect grandiose à l'album, les décors sont superbes, il y a beaucoup moins de personnages aux traits figés ou aux expressions exagérées.

Peut-être attendais-je trop de la fin de cette série ? Allez j'avoue qu'une seconde trilogie me tenterait beaucoup, si cela pouvait au moins éclaircir quelques zones d'ombre (pas besoin de TOUT expliquer, mais un minimum quand même...).

Quelque part, cette série est certainement destinée plutôt à ceux qui ne sont pas habituellement attirés par la SF, car ils liront ici une bonne histoire de suspense, centrée sur les états d'âme du personnage principal. L'objectif final de Marazano, c'était peut-être même cela...

Note finale:
Une fin déconcertante pour une trilogie qui aurait mérité mieux vu le potentiel. Cela reste de la SF de bonne facture, mais il manque un ingrédient pour que la mayonnaise prenne réellement.

2 commentaires:

HaPoxX a dit…

Je viens de lire la trilogie d'un trait, et je suis assez d'accord avec toi :

J'ai adoré comment est lancé l'histoire, le scénario semble très travaillé et bien ficelé pour les Tomes I et II. Je trouve que l'histoire avance vite, que le rythme rapide est très prenant.
A la fin du tome II, on nous laisse sur une explication succinte du POURQUOI ? J'esperais donc, comme toi, que le phénomène soit expliqué un peu plus précisément.
Je fais des études de physiques, et c'est pourquoi je me suis penché un peu plus sur le phénomène du Principe d'incertitude d'Heisenberg. En fait, il s'agit d'une théorie physique, qui repose en grande partie sur la logique, les probabilités, et donc les Mathématiques. Pour faire simple, Heisenberg nous montre que pour une Particule donnée, on ne peut connaitre précisément sa vitesse si on connait sa position, et inversement. Donc, pour raccrocher cela a notre BD, on peut dire qu' IL N'EST PAS IMPOSSIBLE qu'en allant dans l'espace, les personnages, et les particules qui les composent, peuvent être à deux lieux au même moment ... ( et là ça devient un 'paradoxe de la physique quantique', encore un !)
Pour finir, j'aimerais exprimer un autre point du scénario que je n'ai pas apprécié sur le TOME III : Trop de problématiques ne se terminent pas, ou se terminent de façon simpliste. Comme si l'auteur avait ouvert une multitude de parenthèses, pour n'en refermer que deux ou trois.

AVIS GENERAL :
3/5. Avec un enorme + concernant les illustations, que ce soient les décors, personnages, tons, contrastes : Un superbe travaille graphique.

Menrad a dit…

Bonjour,
Désolé pour la réponse tardive (le blog n'est plus actif et a déménagé ;) www.croiseedesmondes.fr ).

Merci pour ce commentaire intéressant. J'avais effectivement fait quelques recherches pour tenter de mieux comprendre cet aspect de la physique quantique reporté dans l'expérience du Chat de Schrödinger (et non d'Heisenberg, car Walter White n'a pas de chat que je sache ^^).

C'est un concept déjà difficile à appréhender pour l'esprit, alors traité comme ça en BD, on passe totalement à côté. C'était ambitieux ceci dit d'exploiter ça, mais comme vous le dites, au final on beaucoup de choses entamées auxquelles on a l'impression que l'auteur n'a pas su/voulu donner conclusion.

Mais bon, avec le recul aujourd'hui, je me dis que j'ai eu plaisir à lire le tout, et que j'y reviendrai sûrement un de ces quatre.

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