jeudi 3 novembre 2011

[Avis] Une Belle Mort de Bablet aux éd. Ankama

Wayne, Jeremiah et Soham arpentent les bâtiments abandonnés d'un monde en ruine. Ils y récupèrent tout ce qu'ils peuvent trouver à manger, pour peu que cela soit encore comestible. Alors que la Terre est ravagée, des suites semble-t-il d'une invasion d'insectoïdes venus de l'Espace, ils tentent de survivre tant bien que mal. Ils sont parmi les derniers représentants de l'espèce humaine, et peut-être en sont-ils les ultimes spécimens... Lassés d'errer dans les cités désertées, sans l'ombre d'une âme humaine à l'horizon, les trois compères se demandent à quoi tout cela peut-il bien rimer. Pourquoi s'acharnent-ils ? En son for intérieur, chacun a son propre moteur. Mais une rencontre inopinée pourrait bien leur faire réaliser que leurs destins sont aux mains d'une force qui les dépasse...

J'ai acheté cet album d'abord intrigué par l'objet en lui-même: belle couverture matte, format comics, forte pagination, beau papier. La sensation d'avoir un beau pavé entre les mains. Ensuite, en le feuilletant, le dessin m'a énormément attiré. Les cases sont remplies de bâtiments et buildings superbement mis en image. Le character design n'est pas en reste, avec des personnages aux traits atypiques, aussi anguleux que l'architecture, perdant encore plus nos trois survivants au milieu de l'immensité de la ville.

(c) Ankama - Bablet

Certaines cases sont purement impressionnantes, je me suis plus d'une fois attardé sur quelques unes d'entre elles, j'avais envie de profiter du décor. Mathieu Bablet a réalisé un travail d'orfèvre en terme de cadrages. On jurerait même qu'il emploie des lentilles qui déforment son architecture, donnant parfois l'impression d'un travail de composition photographique. Cette sensation est de plus renforcée par la représentation des immeubles sous tous les angles: vue plongeante, contre-plongée, plans larges, tout y passe. Les cases font aussi l'objet d'une belle recherche sur l'éclairage et la mise en couleur, même si parfois le résultat est un peu sombre. Peut-être le papier a-t-il bouffé un peu l'encre à l'impression de l'ouvrage... En tout cas, ce sont ces cadrages et ces effets graphiques qui rythment la lecture, le découpage des cases étant quant à lui tout à fait standard.

(c) Ankama - Bablet

A travers plus de 140 planches, on découvre ce trio de personnages assaillis par les questions existentielles que soulève en eux la fin de l'humanité. Ont-ils encore vraiment un but dans la vie, si ce n'est vivre au jour le jour ? Le scenario se développe donc également de cette manière, au fil de l'exploration des personnages. Le tout forme un ensemble cohérent, au rythme tranquille, mélancolique aussi. Au final, même si l'histoire est simple et use parfois de quelques facilités opportunes, après avoir refermé ce bel album, j'étais content de m'être plongé dans sa lecture. J'ai passé un bon moment, et me suis surpris à souhaiter voir ces décors théâtre d'autres aventures. Peut-être avec une autre histoire ? En même temps, ce qui est bien avec les one-shots, c'est qu'on ne risque pas d'être déçu par une éventuelle suite...

(c) Ankama - Bablet

Note finale:
Une qualité de dessin qui met souvent une claque, chaque planche respire le soucis du détail. On peut rester un moment sur chaque case pour apprécier l'architecture jusque dans ses moindres recoins. Le scénario n'est pas en reste, avec une histoire efficace, même si pas forcément ultra-originale. Elle a le mérite d'être bien exploitée, et de ne faire l'objet que d'un one-shot.

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire