L'histoire nous embarque pour Lac-à-l'Ombre, petit village isolé au fond des terres forestières québecoises enneigées, à une époque qui pourrait sembler être le début du XXème siècle. On y fait la connaissance d'Ovide, inquiet suite à la disparition de son frère jumeau Gédéon, qui n'a pas pointé le bout de son nez depuis plus d'un mois. Au cours de recherches par ailleurs infructueuses, Ovide retrouve le chien de son frère, à moitié mort de fin. Il ramène l'animal affaibli au village afin de lui apporter quelques soins, et tenant là enfin un indice sérieux, il décide de le mettre à contribution. Le chien, visiblement perturbé et apeuré à l'idée de repartir à l'aventure loin du village, lui permet de remonter une piste qui le mène au bord d'un lac gelé. Au milieu de celui-ci, il rencontre une demoiselle un peu dévêtue, baignant à moitié dans l'eau, bravant des températures pour le moins glaciales. Vous l'aurez deviné, il s'agit de la sirène présente sur la couverture ! Passé la surprise et après une discussion avec elle, Ovide apprend ce qu'il est advenu de son frère, dont le destin semblerait avoir été scellé par le maître des lieux: un gigantesque monstre lacustre...
(c) Lapierre / Boutin-Gagné / Glénat Québec |
Il existe au Québec (comme partout ailleurs dans le monde), pas mal de légendes mettant en scène un monstre qui soit-disant hanterait les eaux du lac du coin. Les plus connus sont visiblement les monstres du Lac Pohénégamook (exercice de diction: répétez "Pohénégamook" 5 fois d'affilée sans vous planter :D), ou encore le dragon du Lac Memphrémagog. C'est de cette mémoire collective que François Lapierre s'est inspiré pour son scénario.
Alors certes, j'aurais aimé que l'histoire entre un peu plus vite dans le vif du sujet, non pas que l'on s'ennuie, pas un seul instant, mais on a l'impression qu'au début il y a plusieurs faux départs avant que cela ne démarre franchement. Malgré tout, pour un premier tome, on a un album qui raconte vraiment quelque chose. Et ça de nos jours, c'est une grande qualité. Il y a peut-être aussi un peu trop de personnages, et on se demande d'ailleurs si cette quantité ne sert pas un peu de chair à canon (faut bien lui donner à bouffer, à la Bête du Lac :D). Mais tout cela se tient, et les personnages centraux sont intéressants et bien étudiés. L'histoire prend de l'ampleur petit à petit, pour s'accélérer grandement à la fin, et nous laisser sur une attente alléchante. Mission accomplie !
Côté dessin, j'ai beaucoup apprécié le style graphique de l'auteur, une sorte de croisement lointain à mi-chemin entre Mignola et Loisel. c'est le point fort de cet album. J'apprécie tout particulièrement les planches dont le trait est plus fin, à l'image de la couverture, ou encore la petite histoire bonus (qui semble avoir été dessinée il y a plus longtemps). La grosse bestiole est bien réussie également. J'ai juste un bémol sur certaines cases dont le dessin apparaît plus gras, un peu comme si cela avait été zoomé ou agrandi. Mais cela reste anecdotique et rare. C'est en tout cas un auteur très prometteur, qui sort d'ailleurs bientôt un nouvel album chez Soleil, "Brögunn", dont la couverture n'est pas sans rappeler celle de la Bête du Lac dans sa mise en scène ;).
(c) Lapierre / Boutin-Gagné / Glénat Québec |
En résumé:
A l'heure où il est difficile de trouver un premier tome qui sort du lot, il est intéressant de jeter un œil à cette nouvelle série aux qualités certaines, d'autant que les dernières pages augurent d'un second tome palpitant, le scénariste nous dévoilant un élément de mystère sur les origines de la bête. Le tome 2 sera donc celui de la confirmation du potentiel contenu dans les promesses de cette introduction réussie.
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